TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION.. 2
CHAPITRE I. 5
Les relations compromisant le mariage. 5
I: 1 L´attaque aux moeurs et coutumes. 7
I: 2 Les liens conjuguaux. 8
I: 3 La condition de la femme par le mariage. 10
CHAPITRE II. 13
L´Analyse de la passion et du sentiment 13
II: 1 La fuite de l´imagination d´Emma Bovary. 16
II: 2 L´influence du milieu social 16
CHAPITRE III. 18
Le sens et le but de la vie. 18
III: 1 La destinée d´Emma Bovary. 18
III: 2 La folie, la haine et le désespoir 20
CONCLUSION.. 23
BIBLIOGRAPHIE.. 26
INTRODUCTION
Dans ce mémoire, nous allons débattre sur l´évasion dans l´imagination des femmes insatisfaites
et en particulier des plaisirs d´amour de Madame Bovary. Nous allons également analyser ses
sentiments pour mieux comprendre ses excès passionnels et ses souffrances et y découvrir cet
état d´esprit et de coeur.
Le "Bovarysme" qui est un terme introduit par J. de Gaultier en 1921, à partir du roman de G.
Flaubert est utilisé pour qualifier l´insatisfaction affective et sociale, la vanité, la mynthomanie,
la fuite de l´imagination des jeunes femmes (Grand larousse universel).
Cette insatisfaction affective et sociale et ce manque de confiance et d´incertitude en elle-même
que Flaubert nous décrit dans Madame Bovary (1857) a provoqué en moi une réaction de
curiosité et d´intérêt que je voudrais examiner de plus près.
Homme voué au métier d´écrivain, d´une passion ardente pour la réalité des choses et de la nature
à travers ses analyses sentimentales et de passion, Flaubert apportera des solutions réalistes à ses
oeuvres, les peignant d´une certaine beauté et ayant la conviction que la vie n´a ni sens, ni but.
Madame Bovary, considérée comme provocatrice à l´époque, remettra en cause le féminisme,
d´étendre ses droits et d´améliorer la situation dans laquelle elle vivait.
Nous avons également l´intention d´élaborer ce thème sur l´objectif de la vie. Au demeurant, quoi
qu´on le veuille ou non, l´argent est à la base de beaucoup de décisions prises au cours de notre
vie. Madame Bovary a dit que "son coeur était au frottement de la richesse, il s´était placé au
dessus quelque chose qui ne s´effacerait pas" (p. 109). La faillite, résultat d´un manque de foi,
peut même nous conduire au suicide. Pour Madame Bovary le déshonneur et les dettes qu´elle a
accumulées secrètement l´amènent à se suicider.
Nous traitrons du "Bovarysme", dont le héros aux symtômes d´insatisfaction, de vanité,
d´imagination et d´autres s´effrait et s´envahit de préjudices incontrôlables. Ses sentiments
s´affectent désormais de solitude et d´orgueil. Sa passion s´exhalte dans une imagination naïve.
Emma Bovary, fille d´un fermier aisé, élevée dans un couvent élégant, a été mariée à un officier
de santé (Charles Bovary) dont elle s´ennuira et se lassera. Elle cherchera l´attachement et la
tendresse auprés d´un aristocrate pour s´éprendre par la suite d´un clerc de notaire (Léon Dupuis).
Sa dernière conquête sera un certain Rodolphe Boulanger, riche et qui se fatiguera de l´intensité
d´Emma.
On y voit des conflits sociaux au XIX è siècle, la violation du devoir de fidélité né du mariage et
en particulier celui de la femme, les sentiments se dégageant de l´adultère de Madame Bovary, la
doctrine du "Bovarysme et celle du réalisme dont Flaubert en est le créateur voulant dire que
l´être existe indépendamment de l´esprit qui le perçoit. Il va donc de soi d´analyser l´affirmation
de Flaubert que l´indépendance de l´être sur son esprit le mène à une réalité indiscutable issue
d´une objectivité parfaite. Nous examinerons tout d´abord ce que les relations entre époux ont
voulu dire en fonction du mariage au XIX éme siècle. Il faudrait de même discuter les traits
caractéristiques du Bovarysme à travers la vie dramatique de Madame Bovary exposée aux
moeurs de son temps. C´est la raison pour laquelle j´effectue des études sur les liens
matrimoniaux et sur la condition de la femme à l´aide des descriptions de Flaubert sur la conduite
de Madame Bovary, pour mieux expliquer ce mode de vie et cette libération ou cette peine de
l´esprit et de l´âme.
Nous vous proposons par la suite l´analyse de la passion et du sentiment de la jeune Bovary qui
formera la deuxième partie du mémoire.Nous choisirons en conséquence les sentiments
d´exaltation, d´insatisfaction, de mélancolie et de désespoir évoqués dans le rêve et l´imagination
et surtout dans ses plaisirs d´amour qui ont secoué de fond en comble les moeurs de son temps et
qui montre l´issue souvent fatale de la passion. Le pessimisme de Flaubert et des romantiques ont
également éveillé mon attention sur cette amère conviction que la vie n´a ni sens ni but.
J´essaierai de m´en faire une certaine idée, appliquée au Bovarysme.
CHAPITRE I
Les relations compromisant le mariage
Dans ce chapitre, nous traiterons de l´effet de l´insatisfaction dont Madame Bovary sera la
victime à travers ces passions amoureuses lui apportant que des déceptions dont elle fera la
tentative de fuire. Combien n´y a t-il pas de femmes décues du mariage à cause du despotisme de
l ´homme que la conduite de Charles nous laissait voir sans pour cela qu´il ait le moyen de la
pénétrer tellement elle était compliquée pour lui. La phrase suivante nous confirme les déceptions
qui lui serreront l´âme.
"Avant qu´elle se mariât, elle avait cru avoir de l´amour; mais
le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n´étant pas venu
il fallait qu´elle se fut trompée, songeait-elle" (p. 84).
Il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes si jeunes si naives quand elles commencaient leur
vie conjugale, se laissaient emporter par la souveraineté de leur mari. Leur vie plus au moins
protégée au couvent les incommodait par la suite quand elles allaient se marier ou être mariées.
Pour Emma, la seule expérience de l´amour lui était attribuée par les livres, ce qui au début lui
permettra de louer les qualités de son mari mais elle se rendra compte que ses ambitions
n´avaient pas de limite.
La liberté, le bonheur de vivre et d´être elles-mêmes sans fierté et sans honte étaient des qualités
auxquelles les femmes s´attachaient. Emma en avait la conviction à la lecture de la lettre de son
père qui la plongeait dans le passé.
"Quel bonheur dans ce temps-là! Quelle liberté! Quel espoir!
Quelle abondance d´illusions! il n´en restait plus maintenant! (p. 244).
Les espérances d´autrefois n´existent plus pour Emma. Son intention est de s´éloigner de son
amant, Rodolphe, pour se replier sur son foyer bien qu´elle sache que ses désirs ne pourront point
être comblés.
Il est évident qu´Emma exigeait beaucoup de son mari. Les femmes aiment la créativité, le
savoir-vivre, le bel esprit, une certaine distinction de l´homme que Charles n´avait pas au
désappointement d´Emma si bien qu´elle essayait de compenser cette fausse attente par un
adoucissement quelconque.
"Charles était là /../ son dos tranquille était irritant à voir, et elle y trouvait
étalée sur la redingote toute la platitude du personnage /.../ goûtant ainsi dans
son irritation une sorte de volupté dépravée" (p.161).
Nous pouvons constater que la médiocrité de l´un pose réciproquement des problèmes à la vanité
de l´autre. En somme il faut établir des habitudes de bonnes moeurs pour renforcer les liens de
respect, d´affection, de considération entre les gendres comme le confirme Simone de Beauvoir
dans son oeuvre sur la condition féminine et l´émancipation de la femme à savoir qu´elle :
"défend l´union libre entre un homme et une femme, chacun devant
s´efforcer de respecter la liberté et l´autonomie de l´autre.
L´amour entre un homme et une femme ne repose pas sur un
contrat de mariage, c´est une relation à construire et à consolide
en permanence (Mauchamp, p. 112).
Combien n´y a t-il pas d´hommes qui veulent s´assurer une bonne existence, de se fier à des
femmes de bonne servitute et volonté pour les servire à leur guise. Le temps fera qu´Emma se
lassera de cette situation et suivra sa propre conviction, celle d´écouter sa pensée et de s´adonner
à ses caprices. La réalité et l´instinct l´emporteront sur l´insuffisance de Charles.
"Elle était aussi dégoutée de lui qu´il était fatigué d´elle. Emma
retrouvait dans l´adultère toutes les platitudes du mariage" (p. 379).
Emma gardera cette adultère, même si elle méprise Léon et se méprise elle-même ; elle joue
maintenant son va-tout. Cette phrase est très représentative en ce qui concerne l´établissement de
bonnes moeurs pour le mariage sans quoi on se fatigue, on se lasse mutuellement et tout se perd
au désespoir. Il en est de même dans l´infidélité. La relation ne doit pas seulement être basée sur
l´amour, elle doit se consolider en permanence à l´aide du respect, de la bonne-volonté, de la
compréhension et de la conscience.
I: 1 L´attaque aux moeurs et coutumes
Ici on pourrait se poser la question qu´on s´est toujours posée au cours de l´histoire à savoir ;
l´amour peut-il exister à la longue à côté du mariage?
Chaque époque a ses histoires d´amour liées aux moeurs bien définies. Madame Bovary
revendiquait ses droits à la liberté et à l´indépendance à travers ses plaisirs immoraux d´amour
aux yeux de la société qui ne comprenait pas. La liberté lui était précieuse, marquant la cause de
sa critique contre la société et instaurant ses propres régles aux moeurs et aux habitudes.
Après la mort de sa mère, tout devient nuageux. Elle est attirée par de sordides pensées à la
lecture de romans. Sa solitude, sa tristesse, sa désaffection et son caractère en témoignent. La
phrase "même qu´elle était devenue, dans les derniers temps, peu révérencieuse envers la
communauté", affirme son état de pensée contre l´éducation religieuse qu´elle s´était faite, le
néant l´avait envahie à jamais.
A notre avis, Emma se heurte aux droits et aux devoirs de la femme mariée qu´elle avait sans
doute surestimée puisque cette existence l´ennuyait jusqu´à la folie contrairement aux idées
prometteuses qu´elle s´était faites avant le mariage. La morale, elle la trouve dans l´évasion et le
rêve. Demandant la main de Charles par amour, elle s´est étonnée par la suite de son dédain
envers lui. Toute originelle qu´elle soit, elle a voulu transformer les moeurs de son temps par
toutes sortes d´extravagances.
"Les comparaisons de fiancé, d´époux, d´amant céleste et de mariage éternel
qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l´âme des douceurs
innatendues" (p. 86).
Emma aimait bien la confession, elle s´y attardait pour profiter de l´occasion si enchantée et si
divine pour elle. Le passage précédent nous dévoile sa pudeur, son audace et sa mynthomanie,
prenant une grande liberté d´action contre les principes de l´église et de la société.
Nous apercevons les traits caractéristiques de cette jeune femme craignant ce manque d´estime et
la poussant à s´évader à l´au-delà. Elle se réserve alors quelques secrets d´abus sur les régles
morales et le devoir social. Appelons cela un vague à l´âme, une extase qui vous serre le coeur et
qui vous transporte à l´infini.
Cette indépendance en matière de moeurs et de morale allait nuire à sa propre personne. La
femme de cette époque ne pouvait pas s´accorder de tels plaisirs étant donné que l´autorité faisait
tout pour préserver les liens matrimoniaux afin de garantir la vie sociale et politique de l´époque.
I: 2 Les liens conjuguaux
On pourrait s´interroger sur cette union légale que le mariage représente. Etant donné que les
époux se doivent fidélité et assistance, la position de la femme envers le mari ne peut pas être
comprise aux yeux des régimes matrimoniaux.
"Les biens communs (les acquêts) sont ceux acquis à titre
onéreux pendant le mariage" (Mauchamp, p.31).
Sur cette constatation, Emma se donnera une grande liberté d´agir, élaborant des mensonges par
contrainte ce qui nuira au ménage Bovary et en fera sa ruine.
Nous présentons ici quelques réflexions sur les atouts importants pour la survie du couple.
"L´église catholique considére que le mariage est un lien indissoluble. L´adultère
est permis (surtout pour les hommes!) à condition qu´il reste secret et qu´il ne
remette pas en cause le mariage institué" (Mauchamp, p.106).
Il faut en effet ne pas perdre de vue le but du mariage : assurer la continuité de la famille pour
faire respecter les lois et l´ordre social du moment. Mais surtout garantir la légitimité des enfants
envers la loi. En vue de quoi on pourrait noter que l´épouse prend le nom de légitime signifiant
qu´elle devait avoir des qualités requises par la loi, celles d´éduquer les enfants et d´être destinée
à leurs soins.
Les passions amoureuses d´Emma contredisaient à cet effet les lois et les moeurs de cette époque.
Les lois étaient appropriées à l´homme par le mariage ce qui lui facilitait d´avoir des maîtresses.
Le code civil de 1804 constituait pour la femme une régression totale comme celle de ne pas
pouvoir divorcer ou de ne pas pouvoir travailler. D´ailleurs, il était impossible pour la femme
mariée d´avoir des amants sans pour cela être déshonorée de tout. Elle savait que l´autorité du
père sur ses enfants était invulnérable comme celle du roi sur ses sujets qui n´avaient à rendre
comptes à personne mis à part Dieu, ce qui a montré la puissance de l´église sur les gendres.
L´église et l´état déterminaient les régles qu´il fallait respecter en même temps que ces autorités
démontraient leur souveraineté d´idéologie et de droit divin.
C´est l´amour et le bonheur qui sont à l´origine du couple et de sa survie à tous les deux. On
constate ici que cela ne concerne que Charles. Dans sa désespérance, Emma proteste vivement,
elle se révolte de sa propre personne et de son entourage, elle se lance aux tentatives les plus
raffinées que l´on puisse imaginer croyant redonner un sens à l´existence tout en étant consciente
que sa soumission à l´homme par tradition et sa moralité étaient plus fortes qu´elle.
En somme la décence aux bonnes moeurs lui tenait à coeur en même temps que ses délits
d´outrage à la morale publique et religieuse lui blessaient sa personne jusqu´au seuil de la honte
et de la faillite. Quel état d´âme!
I: 3 La condition de la femme par le mariage
Il est évident que le rôle des époux et en particulier celui de la femme, a toujours été un thème de
grande importance dans notre société parce qu´il sert de modèle aux relations sociales et
politiques. Les problèmes de la vie privée ont toujours été d´actualité et il fallait les adapter aux
moeurs du moment. La conviction d´Emma sur la discrimination des gendres la rendait furieuse
comme nous l´annonce la confirmation suivante :
"Cette idée d´avoir pour enfant un mâle était comme la revanche en espoir de toutes ses impuissances passées, un homme au moins est libre; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstaces,
mordre au bonheur les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi" (p. 146).
Cette sentance est très expressive pour Emma ce qui explique son envie contre Charles, sa
rancune, son mécontentement. Elle essaie cependant de s´opposer aux principes d´autorité
comme celui du code Napoléon. La femme devait alors obéir à son mari. Outre cela on accordait
à l´homme la puissance maritale et paternelle. Emma voulait se libérer de certaines contraintes
matérielles. Son indépendance, elle la trouvait dans ses rêves et son imagination. Cela lui
apportait sans aucun doute, comme nous l´entendons, un épanouissement personnel et une
autonomie afin de suivre ses propres intentions. Ne trouvant pas de sens à l´existence, ne pouvant
pas se défaire de la complexité des liens conjuguaux, elle se réconfortait en revivant son voyage à
la Vaubyessard chez cette famille d´aristocrates au grand luxe qui lui "avait fait un trou dans sa
vie, à la manière de ces grandes crevasses qu´un orage, en une seule nuit, creuse quelquefois
dans les montagnes" (p. 109).
En somme elle se sent dans la peau d´une personne qu´elle n´est pas et de ce fait elle cherche à
compenser l´espoir qu´elle crût obtenir du mariage, c´est à dire de mener une vie éclatante, au
dessus de tous soupcons tout en étant soutenue par un mari de grand talent.
"La conviction où il était de la rendre heureuse lui semblait une insulte
imbécile, et sa sécurité là-dessus de l´ingratitude. Pour qui donc était-elle sage? N´était-il pas, lui, l´obstacle à toute félicité, la cause de toute misère, et comme
l´ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bordait de tous côtés?" (p.169).
Contrairement à ce qu´elle s´atttendait du mariage, elle a été affligée de peines sans relâche dont
elle se croit irresponssable, une sorte d´affliction morale.
On voit par ce qui précède que la femme mariée était inférieure à l´homme dans tous les
domaines malgré sa supériorité sociale, du fait qu´elle a une meilleure aptitude à l´éducation des
enfants et aux relations d´autrui que son époux. On lui attribue la charge des enfants en premier
lieu, devant la loi et on la retrouve en grande majorité dans des emplois socio-professionels car
son aptitude au soutien, aux soins et à l´éducation d´autrui semble être mieux appropriée aux
yeux de la majorité.
Sa situation était réglée par l´homme qu´elle devait soutenir dans sa tâche de chef de famille.
"Dans les milieux bourgeois /.../ la femme était avant tout une femme d´intérieur, se devait d´être
une bonne maîtresse de maison et une bonne mère", (Mauchamp, p.115). Sa réussite était liée
aux devoirs domestiques.
Mais n´avait elle pas d´autres exigences de vie que celles imposées par le mariage, d´adapter sa
vie aux besoins qu´elle ressentait et d´en faire acception de préférence? Plus profondément, les
intentions de Madame Bovary reposaient sur la libre pensée, l´exaltation de la raison et les
facultés de sa propre personne.
Nous pouvons en conclure que le mariage était un acte de prolongement de dominance et de
puissance que l´état et l´église s´étaient attribués par cohabitation.
CHAPITRE II
L´Analyse de la passion et du sentiment
Nous allons maintenant nous plonger dans l´héroïne de Flaubert, à la fois sentimentale et réaliste
pour en découvrir les raisons d´exaltation, de mélancolie et de pudeur qui l´ont inquiétée et
poussée à la décadence. Le souvenir de la passion lui revenait toujours à l´esprit comme
l´écrivain nous le prouve dans le passage suivant :
"Elle se retrouvait dans les sensations de sa première tendresse,
et son pauvre coeur comprimé s´y dilatait amoureusement" ( p. 400 ).
Les rencontres amoureuses de Madame Bovary étaient devenues une sorte de rites dont l´ardeur
manifestait ces pratiques amoureuses dans toutes les règles de l´art comme nous l´indique la
scène ci-dessous.
"Puis les paroles, après les baisers, se précipitaient. On se racontait les
chagrins de la semaine, les pressentiments, les inquiétudes pour les lettres;
mais à présent tout s´oubliait, et ils se regardaient face à face, avec des
rires de volupté et des appelations de tendresse" (p. 349).
Très consciente du risque, vu que l´infidélité de la femme était considérée juridiquement comme
un délit, elle ne pouvait pas céder à ce jeu d´amour. Est-ce-que c´était pour elle une façon
d´exprimer sa volonté d´indépendance en matière de morale et de mettre un sens à l´existence?
Les rumeurs diront alors que Madame Bovary allait devenir la petite amie du clerc de notaire
Léon, à l´indifférence de son mari qui ne se soucie que de ses affaires.
"Ainsi s´établit entre eux une sorte d´association, un commerce continuel
de livres et de romances" (p. 159).
L’entretien de leurs relations ne pouvait que se réaliser tendrement et dans la douceur au dépens de Charles dont elle s’irritait.
"L´amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et
des fulgurations, - ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse
arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l´abîme le coeur
entier"(p. 160).
La passion amoureuse nous épit et nous surprend d´un coup de foudre comme l´écrit Flaubert.
Les sensations deviennent plus fortes que jamais. Les désirs sont irrésistibles pour Emma. C´est à
ce moment propice que le coeur tresaille par mécontentement ou satisfaction. C´était peut-être
une revanche pour Emma comme femme mariée, de se racheter du temps perdu et de rechercher
la jouissance et la sensation agréable que son mari était dans l´incapacité de lui donner.
Est- ce-que c´était de ce manque d´attachement et d´affection qu´elle ressentait cette
insatisfaction? Flaubert se justifie par l´esthétique réaliste trompeuse, en quelque sorte,
l´embellisement des choses à l´aide d´images virtuelles ou bien ces vertus de passion, de bonheur
"qui lui avaient paru si beaux dans les livres" (p.84).
"Pourquoi déclamer contre les passions? ne sont-elles pas la seule chose
qu´il y ait sur terre, la source de l´héroisme, de l´enthousiasme, de la poésie,
de la musique, des arts, de tout enfin?" (p. 11).
L´esprit d´évasion par l´imagination qui l´intrigue, l´ennui, l´éternelle attente de ce qui n´arrive
jamais la rendaient folle, "elle avait envie de faire des voyages ou de retrouver vivre à son
couvent. Elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris", mais ses rêves ne restaient que des
rêves. Son envie pour Charles, qui lui s´occupait intelligemment et sachant que ses désirs seraient
comblés par Emma, lui faisait ressentir une frustation sans fin, de part l´obstacle moral qui
aggravait son cas. Le devoir de femme l´obligeait à obéir à la morale convenue, "celle des
hommes, celle qui varie sans cesse et qui braille si fort," (p.211) pour ne pas violer la foi
conjugale.
L´état des choses est plus fort qu´elle n´arrivant pas à contrôler ce qu´elle ressent à l´intérieur afin
d´en arriver à une meilleure solution. Emma allait même devenir instable et intolérable dans le
sentiment. Se décourageant de son mari, elle désirait quelqu´un en dehors de l´ordinaire qui
pourrait la satisfaire. "Elle serait bien descendue causer avec la bonne, mais une pudeur la
retenait" (p.119). Cette femme aux sentiments nobles et supérieurs à ceux de Charles, tâchait de
ne pas perdre son estime en même temps que nous observons une mutation totale de son caractère
comme nous l´indique le passage suivant :
"D´ailleurs, elle ne cachait plus son mépris pour rien, ni pour personne; et elle se mettait quelquefois à exprimer des opinions singulières, blâmant ce que l´on approuvait, et approuvant des choses perverses ou immorales: ce qui faisait ouvrir des grands yeux à son mari" (p.121).
Les changements d´âme se faisaient de plus en plus fréquents l´amenant à se distraire sans qu´elle
eût la moindre conscience de ses actes. Cet étourdissement la conduisait à jouer des rôles de
toutes sortes pour s´élancer vers le néant des grandeurs.
La phrase suivante nous laisse ressentir cette insensibilité d´entretenir des relations durables,
causée par l´abattement moral de l´âme qui nous laisse prisonniers de nos sentiments. On y voit
une paresse, un délassement dans lesquels on se complaît au temps présent, parce qu´on y trouve
du plaisir, sans se préoccuper de l´avenir et sans essayer de renforcer les liens à la longue.
"...et tandis qu´ils s´efforcaient à trouver des phrases banales, ils
sentaient une même langueur les envahir tous les deux; c´était
comme un murmure de l´âme, profond, continu, qui dominait
celui des voix" (p.154).
On voit par ce qui précède que le sentiment, la passion et la séduction ne suffisent pas pour
entretenir de bonnes relations entre amants. Il se doit d´établir des relations en commun et de
s´engager mutuellement tout au long de l´existence.
II: 1 La fuite de l´imagination d´Emma Bovary
Nous avons l´impression qu´à certains moments de sa vie, Emma se sent détachée de tout. Elle
aperçoit les êtres, son propre corps et son esprit même ainsi qu´une vision séduisante et
trompeuse, un néant, à la recherche des mystères de l´amour et des sentiments pénibles
s´affligeant de soucis et de peine sans issue. La tentation d´échapper à sa solitude morale, ses
déceptions d´amour et le tourment de l´intérieur aboutissent à un vide perpétuel.
"Elle se plaignait d´amour, elle demandait des ailes. Emma , de même,
aurait voulu fuyant la vie, s´envoler dans une étreinte" (p. 302).
La comparant à une autre femme insatisfaite, Emma souhaitait se délibérer du présent et d´en
faire qu´à sa volonté réclamant sa libre expression de sensibilité et cherchant l´évasion dans le
rêve et dans l´exotisme, en fait, comme une sorte de romance.
"Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la transfigurait.
Elle devenait elle-même comme une partie véritable de ces imagi-
nations et réalisait la longue rêverie de sa jeunesse, en se considérant
dans ce type d´amoureuse qu´elle avait tant envié" (p. 232).
Cet extrait nous confirme ce subterfuge la mettant dans un état glorieux pour compenser les
désirs d´amour et d´affection qu´elle s´était promise dans sa jeunesse. Nous avons l´impression
qu´elle veut se soulager de ses douleurs, de son insuffisance, de se perdre à vue au moyen de
fantaisies passagères plus ou moins désordonnées et dont l´esthétique en prendra une place
importante, à la façon de Flaubert qui pensait : "que seul le monde imaginaire de l´art peut
consoler de la triste plaisanterie qu´est la vie" (Castex, Surer, Becker, p.698). Le caractère
onirique de Flaubert est mis en évidence à travers son héroïne Madame Bovary dont il se dégage.
II: 2 L´influence du milieu social
Les moeurs de l´époque dictaient son examen de conscience. Elle n´osait pas réaliser ses rêves,
ses passions, ses désirs puisque la séparation des époux était inconcevable. Mais son ménage qui
n´était pas au niveau de ses ambitions puis cette personnalité d´autre monde la forçaient à se
compromettre dans la plus grande discrétion.
"La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des désirs adultères. Elle aurait voulu que Charles la battît
pour pouvoir plus justement le détester, s´en venger. Elle s´étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient à la pensée; et il fallait continuer à sourire, s´entendre répéter qu´elle était heureuse, faire semblant de l´être, le laisser croire!" (p. 170).
Son état de caractère la portait à cette contradiction. Le désespoir, l´ennui, la haine l´ont amenée
ainsi à accepter son sort afin que ses illusions fussent dissimulées au plus profond de som âme à
la façon d´une rancoeur qui te suit jusqu´à la tombe.
Finalement, tout nous indique qu´Emma déçue d´elle-même, attristée de son entourage a ressenti
des impressions plus ou moins pénibles dans son enfance, chez son père, au couvent là où elle
s´est affectée de son isolement. Les conséquences de cette situation seront aggravées par les
fréquentations dont elle sera victime durant sa vie, tout d´abord avec Charles et par la suite avec
ces hypocrites qui ne penseront qu´à eux-mêmes au fur et à mesure qu´elle s´enlisera dans le
malheur, le désespoir et la ruine.
Il semble que le monde lui ait restée absurde ne trouvant pas l´agrément et la satisfaction bien
qu´elle s´ait ressaisie comme existante et comme sujet à la foi engagée et responsable de ses
actions mais sans pour cela arrêter la destruction des choses et des êtres par le temps.
CHAPITRE III
Le sens et le but de la vie
Comme il en est de Flaubert et des romantiques, "la solitude morale et l´amère conviction que la
vie terrestre n´a ni sens ni but" (Castex etc..., p.702) ont fait naître chez Madame Bovary, ce
pessimisme qui la rendra insensible à tout et à tous. A l´écoulement des années, ses rêves
s´effritent au contact de la réalité ne parvenant pas à voir les conséquences de ses actions. Les
conditions de vie changent et il en est de même avec les êtres subissant les conséquences de ce
changement. Emma n´a pas échappé à ce sort qui lui était apparemment réservé.
III: 1 La destinée d´Emma Bovary
Il me semble qu´Emma a joué un double rôle si fréquent qu´il soit de nos jours : celui de la
femme fidèle et celui de la femme inquiète et insatisfaite réclamant sa liberté d´agir. Que faut-il
faire pour exister quand certains disent que tu n´existes pas? Pour les uns l´existence c´est la vie,
mais pour d´autres c´est d´être et de donner un sens à la vie. Le récit de Flaubert, décrivant
l´escalade de la passion jusqu´à son issue fatale nous donne cette conviction que l´aventure de
cette femme incomprise devient l´aventure de l´adultère de tous les jours que nous pourrions
considérer être un romanesque éternel. Le destin règle, dispose, ordonne et ce qui en résulte est
notre destinée.
Emma a rêvé d´amour passionnel. Elle s´est rongée de l´intérieur en le réalisant mais a manqué à
la vie.
"Elle se rappela tous ses instincts de luxe, toutes les privations
de son âme, les bassesses du mariage, du ménage, ses rêves /.../
tout ce qu´elle avait désiré, tout ce qu´elle avait refusé, tout ce
qu´elle avait pu avoir! et pourquoi? pourquoi? (p. 258).
En somme, Emma remet en jeu l´existence de la vie. Elle s´interroge sur son but en évoquant les
différents états dans lesquels elle s´est trouvée. Son désir a sans doute été de trouver une place là
où elle pouvait être elle-même pour répondre à ses propres besoins et d´en tirer un maximun
pendant la courte existence qui nous est donnée. Elle ne sera qu´une proie parmi ces hypocrites
et s´affectera elle-même de ses vertus quelles qu´elles soient.
La providence l´avait désormais appelée à cette double vie et en même temps à deux personnages
différents l´un de l´autre. D´un côté, elle séduisait son entourage au moyen de dons exemplaires
et de qualités morales. De l´autre côté elle jouait un rôle incontrôlable parce qu´elle ressentait en
elle-même qu´elle était faite de quelque chose d´autre qui la gênait et qui l´amenait au désastre.
La décence de Madame Bovary était restée intacte aux apparences d´autrui mais son état d´âme
l´avait prédestinée à des extravagances. Ne pouvait-elle pas se contenter de ce qu´elle avait en la
compagnie de Charles? L´extrait suivant nous témoigne de cette discrétion raffinée.
"... ne semblait-elle pas traverser l´existence en y touchant à peine, et
porter au front la vague empreinte de quelque prédestination sublime?/.../
Les bourgeoises admiraient son économie, les clients sa politesse, les
pauvres sa charité. Mais elle était pleine de convoitises, de rage, de
haine. Cette robe aux plis droits cachait un coeur bouleversé, et ces
lèvres si pudiques n´en racontaient pas la tourmente" (p. 168).
Quels contrastes entre l´apparence et l´intérieur étant la cause d´un amour déséquilibré! Emma
ressent la dégradation de l´âme mais ne résiste pas aux pouvoirs et aux plaisirs de l´amour. Elle
n´arrivera pas à prendre une décision définitive et à faire cette révélation d´amour à Léon, elle en
risquerait tant de bonheur.
"Alors les appétits de la chair, les convoitises d´argent et les mélancolies
de la passion, tout se confondit dans une même souffrance"(p. 169).
Qu´importe le choix qu´elle aurait fait comme femme sage et honnête pour mieux se
replongerdans son foyer et reconcilier la morale et le romanesque, elle ne parvenait pas à
s´abstenir aux pensées qui la rongeaient de l´intérieur ce en quoi la violence des passions lui était
que la force d´âme. Les plaisirs charnels et son acharnement pour l´argent lui étaient supérieurs à
sa volonté.
Cependant, elle voyait des fautes partout menant à l´irritation totale de sa personne.Une espèce de
nausée la reprit au souvenir de Léon quand celui-ci l´avait quittée pour Paris. Elle ressent en
quelque peu le néant de ses actions la chagrinant et l´abandonnant au désespoir.
"C´était cette rêverie que l´on a sur ce qui ne reviendra plus, la lassitude
qui vous prend après chaque fait accompli, cette douleur enfin que vous
apportent l´interruption de tout mouvement accoutumé, la cessation
brusque d´une vibration prolongée" (p. 186).
Le souci la reprend aux souvenirs de Léon, les remords l´envahissent tout en se sentant coupable
de ses actions. Livrée à elle-même, elle ressentait de l´angoisse et du désespoir. A la voir dans un
pareil état, on se demanda si la lecture contre les bonnes moeurs de l´église la désorientait jusqu´à
l´indignation totale ou bien ne voulait elle pas revivre ces moments de bonheur en se les figurant,
ces moments de passion qui la dégraderaient de sa personne?
Madame Bovary était prédestinée tantôt à la décence et à la pudeur tantôt à l´outrage aux
moeurs de son temps à l´aide de méthodes et de procédés qui l´inciteront à cette stratégie de vie
et lui permettront d´être libre de son destin. Nous voyons par ce qui précède que la vie de
Madame Bovary sera la suite et l´enchaînement de tous les événements causés par son état d´âme
dont les réalités seront décrites par cette imagination et ce mouvement d´exaltation. Le malheur
de Madame Bovary est de vivre au milieu de ces hypocrites et de se trahir.
III: 2 La folie, la haine et le désespoir
Etant donné que cette femme se ronge de l´intérieur, les conditions de vie où elle se trouve, les
sentiments qu´elle éprouve pour les uns et les autres, son état d´âme qui la décoit de la réalité ;
que peut-il arriver qui l´obligera d´aller jusqu´au bout d´elle-même? La crise psychologique sera
sa souffrance fatale. Sa vie restera figée dans un subconscient dont elle ne pourra pas se défaire
bien qu´elle eût essayé d´abolir les limites entre le réel et l´iréel. Le rêve et les actes vécus se
côtoient sans pour cela pouvoir se limiter à des principes qui l´aideront à se ressaisir de cette
décadence.
Sa croyance ardente pour les plaisirs d´amour entraient en conflit avec le trouble de la volonté qui
se manifestait par des impulsions motrices irrésistibles dont elle ne parvenait pas à s´écarter. Son
esprit s´affectait au fur et à mesure de la dégradation de ses relations amoureuses et du
déshonneur que son foyer connaissait au fil des années.
Madame Bovary, par son examen de conscience note ses douleurs, ses hésitations, ses virements.
La réalité la rattrape chaque fois qu´elle remet en cause ce qu´elle est, ce qu´elle veut, ce qu´elle
fait comme le montre ce passage cité :
" Brulée plus fort par cette flamme intime que l´adultére avivait, haletante,
émue, tout en désir, /.../, souhaitait des amours de prince" (p. 377).
Elle retombe dans cette obsession qui lui trouble l´âme. Elle redevient alors esclave de son destin.
L´issue fatale de la passion d`Emma Bovary se fait ressentir par l´abattement total de sa propre
personne.
"Elle y était accourue, poussée par une sorte d´épouvante qui la
chassait de sa maison" (p. 398).
Emma n´avait plus rien sauf les croyances et la quête qui lui laisseront ces sentiments
d´exhaltation et d´imagination, effaçant et méprisant tout le reste.
"Elle haletait, tout en roulant les yeux autour d´elle, tandis que
la paysanne, effrayée de son visage, se reculait instinstivement, la
croyant folle" (p. 399).
Sur le bord de la ruine, elle fuit les malheurs et les ignomités dont les hommes sont capables. Où
ménera cet abus de méfiance?
"Elle se retrouvait dans les sensations de sa première tendresse, et
son pauvre coeur comprimé s´y dilatait" (p. 400).
Emma s´est accordée beaucoup de plaisir pour apaiser ses souffrances et combler ses désirs dont
elle ne pouvait pas se défaire vu qu´elle y était prédestinée. Elle s´acharne contre ceux qu´elle a
aimés et qui refusent de lui tendre la main quand elle en a le plus besoin tout en gardant son
honneur de femme.
"Le désappointement de l´insuccès renforcait l´indignation de sa pudeur
outragée; il lui semblait que la providence s´acharnait à la poursuivre,
et, s´en rehaussant d´orgueil, jamais elle n´avait eu tant d´estime pour
elle-même ni tant de mépris pour les autres" (p. 394).
Bien que la vie d´Emma ait été un combat dans le plaisir, le mensonge, la peine, elle n´arrivera
pas à faire valoir sa liberté, ses droits sans pour cela être profondément blessée par la négligeance
de ses amants qu´elle aura tant dorlotés et séduits. Elle se sent repoussée au désespoir et à la
trahison.
"Mais, moi, je t´aurais tout donné, j´aurais tout vendu, j´aurais travaillé
de mes mains, j´aurais mendié sur les routes, pour un sourire, pour
un regard, pour l´entendre dire: Merci"! (p. 404).
La récompense, s´il en avait une, restera vaine, l´existence d´Emma sera un échec sans retour.
Madame Bovary a vécu sa propre expérience et en a subi les conséquences, celles de la
résignation, du manque d´attachement et de l´insuffisance. Elle a été la responsable de ses actes
auxquels elle s´est soumise.
Le délaissement qu´elle ressent engendre la solitude malgré ses tentatives de redressement. Sa
lutte contre la condition de vie s´est effondrée par la malchance des faits. Son audace à travers ses
plaisirs d´amour et sa curiosité pour la vie ont résulté en une nausée sans retour possible à
l´harmonie et à la beauté des choses.
"Elle ne souffrait que de son amour, et sentait son âme l´abandonner
par ce souvenir, comme les blessés en agonisant sentent l´existence
qui s´en va par leur plaie qui saigne" (p. 405).
Ce passage confirme ce que nous écrivions dans l´introduction; son coeur se videra de ces
amours, le déshonneur, l´infidélité et la souffrance la conduiront au suicide.
Pourquoi se donnait-elle la mort? Est-ce que cela serait pour Madame Bovary une mort
libératrice qui lui serait l´unique remède possible aux souffrances dont elle a été affligée au cours
de son existence? Ne serait-il pas pour elle une libération attendue de toutes les contraintes
imposées par son mari et par son entourage. Certes elle essaiera de se fier aux impulsions de sa
pensée. Le suicide la consolerait de tout et lui apporterait le seul espoir de se racheter de ses
malédictions, ses contraintes, ses échecs comme objectif bien déterminé pour en donner un sens à
la vie.
Nous constatons que les comportements et les mentalités de la grande sentimentale de Flaubert
ont formé sa stratégie de vie dont elle sera victime. Sans issue et sans objectif, sa vérité
universelle sera peut être démasquée dans l´existence infinie, elle trouvera à se donner la mort.
CONCLUSION
Nous avons pu constater dans ce mémoire que le "Bovarysme" marque des états d´âme de la
femme mariée en fonction des circonstances qui l´entourent.
Les espérances au mariage d´Emma Bovary mettront un sens à la vie et aux rêves qu´elle s´était
désinée. Cependant, ne répondant pas aux désirs et à la volonté d´elle-même, le mariage l´a incité
aux élans romanesques et à l´analyse de ses émotions incomprises de son entourage.
Nous avons montré que les amants de coeur, respectueux et mutuellement compréhensifs ont une
plus grande possibilité de réussite si on leur donne une liberté d´agir et de penser sans que les
gendres affectent leur relation comme nous l´avons confirmé à travers Simone de Beauvoir.
D´ailleurs, Madameme Bovary nous l´a décrit : le libertinage était un moyen de satisfaire ses
besoins personnels et d´en faire un sens à la vie.
Il est évident que les sentiments que nous élaborons dans cet exposé, la vanité, le
mécontentement, l´enthousiasme, le mensonge, l´insatisfaction, l´esprit romanesque, le déshoneur
concourent à ce que le Bovarysme se développe et prend son élan.
L´existence de Madame Bovary s´embrouille d´un mécontentement général des relations
compromisant le mariage, à la recherche d´une vie qui n´aura pas de fin. Cependant, sur son lit de
mort son âme obtiendra la plus grande séreinité qu´elle eût tant espérée. Nous pouvons dire après
cette analyse que ces tentatives d´évasion mènent tantôt au bonheur tantôt à la souffrance.
L´amour en dehors du mariage était impossible à condition qu´il se fasse dans la plus grande
discrétion et qu´il soit réservé à l´homme. La souveraineté de l´homme marié était indiscutable.
Emma y protestait à sa manière, consciente de son infériorité envers la loi et de l´incapacité de
son mari de la satisfaire de ses besoins. Par conséquent elle a recherché le plaisir dans l´évasion
du rêve et de l´imagination l´entraînant par la suite à l´affaiblissement. Livrée à la solitude par le
mariage et au manque d´occupation comme beaucoup d´autres femmes de cette époque, elle se
laisse aller dans les bras de ses admirateurs prise par une ardente passion.
Endettée et traquée par ses poursuivants, elle se donnera la mort sans doute pour contester cette
vie sans objectif et sans faculté naturelle de voir les choses comme elles sont, au mécontentement
général qui la tracassait de fond en comble.
Il nous est donné qu´une seule vie sur terre, il faut pour cela s´en faire un sens et avoir un objectif
pour en profiter au maximum quand cette unique occasion se présente à nous.
BIBLIOGRAPHIE
Castex, Pierre-Georges. (1974). Histoire de la littérature française / Pierre-Georges Castex, Paul Saurer ; avec la collab. de Georges Becker. Paris : Hachette.
Flaubert, Gustave. (2001) Madame Bovary / Gustave Flaubert. Paris : Gallimard.
Grand Larousse universel. Tome 2, Asperger à Brayer. Paris : Larousse
Nationalencyclopedin : ett uppslagverk på vetenskaplig grund utarbetat på initiativ av Statens kulturrd. (1998) Bd.3. Höganäs : Bra böcker.
Mauchamp, Nelly. (1991). La France d´aujourd´hui : civilisation / Nelly Mauchamp. Paris : CLE international.
Mauchamp, Nelly. (1995). Les français : mentalités et comportements / Nelly Mauchamp ; avec la collaboration de Béatrice de Peyret. Paris : CLE international.
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